Une croisière à la voile aux Açores

Une croisière aux Açores de 350 miles

En avril 2025, l’ORC57 Avel Vaez, son équipage professionnel et ses passagers ont navigué pendant une semaine de croisière dans l’archipel des Açores.

Dans cet article, retrouvez le récit de ces vacances, réalisé par une des personnes embarquées. Merci à elle de nous avoir partagé l’aventure à la voile du groupe, à bord de notre catamaran !

À propos de l’archipel des Açores et de la zone de navigation

Les Açores sont un archipel volcanique situé à l’intersection des plaques tectoniques d’Amérique du Nord, d’Afrique et de l’Eurasie. Distantes de 1450 km dans l’ouest de Lisbonne, les îles comptent environ 250 000 habitants. L’archipel est une région autonome du Portugal, le portugais y étant la langue officielle. Le climat y est tempéré, et la saison touristique s’étend de juin à septembre.

L’archipel des Açores est situé sur la route du retour des grandes croisières – celles des bateaux qui reviennent des Amériques ou des Antilles. Au milieu de l’Atlantique, c’est un point de rencontre où tout ce qui navigue sur l’Océan y viendra un jour. Horta, sur l’île de Faial, est le point d’arrêt des bateaux à voile. Punta Delgada, sur l’île de Sao Miguel, est celui des grands yachts.

L’histoire de l’archipel est un mélange d’histoire de Vikings, de piraterie, de guerres européennes, de massacres de baleines et de voyageurs. C’est sans doute une version antique ayant inspiré les auteurs de la Guerre des Étoiles, où certaines planètes deviennent des lieux de passage où toutes les histoires des galaxies environnantes se télescopent, et où toutes les activités si précieuses aux êtres vivants se développent en cachette, mais peuvent être annihilées par une menace de feu supérieure !

Point de départ de notre croisière aux Açores : Punta Delgada

Normalement, on ne vient pas aux Açores, on « y passe ». Pour nous, c’est un peu différent.

Nous nous sommes donné rendez-vous à Punta Delgada, sur Sao Miguel, pour retrouver le catamaran de voyage Avel Vaez : un bateau confortable et capable de vitesses exceptionnelles. Parti du Marin le premier mai, il lui aura fallu treize jours pour rejoindre Punta Delgada.

Nous nous retrouvons à bord le vendredi de Pâques, pour passer quelques jours ensemble – six passagers et deux membres d’équipage. Notre skipper est installé dans le pic tribord avant et notre hôtesse/cuisinière dans la cabine tribord avant. Les trois couples se répartissent dans les trois cabines restantes.

Il fait frais, mais l’ambiance à bord est chaleureuse. Après un excellent dîner préparé par notre cuisinière, nous allons dormir avec un rêve commun dans la tête : c’est la saison pour voir les baleines en mer !

Appareillage & premier jour de navigation

Les sanitaires du port de Punta Delgada sont pratiques, propres et austères. On a l’impression d’être dans une salle de bain d’un blockhaus, sous la route qui longe le port. Nous en profitons avant de partir. Après un petit-déjeuner digne de la Première classe d’un vol Air France et les formalités effectuées, nous larguons nos amarres.

 

Formalités administratives

Dans les Açores, il y a cette particularité de devoir s’enregistrer auprès des autorités de chaque île visitée. Il y a des habitudes bureaucratiques qui subsistent dans certaines cultures, personne ne sachant plus exactement pourquoi elles avaient été mises en place… Mais cela donne du travail aux habitants et force le respect du visiteur. Pour nous, aujourd’hui, ce sera cap sur Terceira.

En partant, nous saluons l’équipage du trois-mâts bleu « Koru », 127 m de long, propriété d’un milliardaire bien connu. En mer, petits et très grands partagent le même espace horizontal.

Le vent, grand absent de notre début de croisière aux Açores

Nous longeons les falaises au sud de Sao Miguel, nous ne sommes qu’a quelques centaines de mètres du rivage, pourtant notre sondeur est déjà perdu. Nous sommes au milieu de l’Océan Atlantique… ! La mer est calme, mais la grande houle du nord-ouest, laissée par le récent coup de vent, n’est pas très agréable. Il y a peu de vent et le mal de mer apparaît. La route est longue jusqu’à Terceira, 90 miles…

 

La rencontre avec les premiers dauphins

Des dauphins viennent nous saluer. Ils sont petits avec des couleurs bien marquées. Ils jouent à l’étrave pendant quelques minutes, puis disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. Le vent tombe, il faut se résigner à démarrer les moteurs. En début de soirée, nous arrivons devant Terceira et décidons de nous arrêter à Praia da Victoria pour la nuit. Nous aurions préféré pousser jusqu’à Angra do Heroismo, mais nous sommes déjà prêts à nous détendre et à manger. Notre cuisinière a une soupe délicieuse en préparation, cela sent bon dans le cockpit et nous salivons tous. La marina au nord de l’immense port de Praia da Victoria a un ponton libre qui sera parfait pour notre séjour sur Terceira.

Première escale dans l’archipel : Terceira

La nuit est calme, la musique des bars sur la plage ne nous empêche pas de tomber de sommeil. Les cabines d’Avel Vaez sont confortables, bien aérées et la mousse du sandwich de la coque évite la condensation. Nous dormons bien.

 

À la découverte de l’île

Au réveil, le lendemain, nous partons en exploration sur l’île. Nous commençons par la petite ville. Puis nous montons au monument Miradouro do Facho. Retour au bateau pour un autre déjeuner extraordinaire préparé par notre hôtesse.

L’après-midi, nous cherchons un taxi pour aller nous promener dans l’île. Difficile de trouver ce que nous cherchons, en ce samedi, à la station de taxi. Au bout d’un certain temps, une C3 s’arrête à distance et une jeune femme nous propose de nous amener au Miradouro da Serra Cume. La C3 est en piteux état, mais la conductrice est sympathique : née à Terceira, elle a grandi aux USA et parle anglais avec un fort accent californien.

La voiture n’a plus d’essence, nous passons par la station-service. Pour repartir, il faut pousser, il n’y a plus de batterie non plus. Le Miradouro est dans les nuages, on ne voit pas grand-chose, mais ce que nous pouvons apercevoir est superbe : la nature est verte, la roche est sombre et la mer est bleue.

Nous redescendons à pied à travers la campagne de Terceira. Nous nous arrêtons prendre une bière dans un bar sur la route, les clients sont sympathiques. De retour sur Avel Vaez, notre cuisinière a préparé un super diner.

Sao Jorge, nous voilà

Navigation entre les îles

Nous quittons Terceira et passons au sud-est de l’île. Notre skipper s’amuse et passe au milieu de l’îlot Cabras. Les falaises des Açores nous surplombent et des milliers d’oiseaux nous entourent. Nous poursuivons la route au moteur par manque de vent, et faisons route jusqu’à Angra do Heroismo. Nous confirmons que la marina est plus typique et nous y reviendrons une autre fois.

Nous nous remettons en route vers la pointe sud-est de Sao Jorge. Le vent est faible et nous alternons moteur et voile, pour optimiser notre VMG. Sao Jorge est une île longue, étroite et haute. Sur la côte sud, les hautes falaises sont barrées de grandes cascades qui sortent de la montagne et se jettent directement dans la mer. Nous arrivons en fin d’après-midi au port de Velas, sur la côte sud-ouest. Dans le petit port, la marina est étroite, mais nous arrivons à nous faufiler pour nous amarrer au quai, à l’entrée de la marina.

 

Un accueil chaleureux

Sur le quai, un retraité prépare ses cannes a pêche et nous raconte son histoire : originaire de Sa Jorge, il travaillait en Europe pour des grands groupes de distribution. À l’âge de partir en retraite, il a choisi de retourner sur son île, pour le climat et la tranquillité. Il nous recommande un restaurant pour le soir et nous y montons.

Les rues sont étroites et très pentues. Sur notre route, nous apercevons la navette des îles et nous nous demandons, tout à coup, si nous n’étions pas amarrés à sa place. Nous le suivons à l’AIS et elle s’arrête à l’entrée du port sur le grand quai. Nous sommes soulagés, car faire un aller-retour ne nous aurait pas procuré un grand plaisir.

Le restaurant est situé en haut de la falaise, en surplomb. La vue sur l’île Pico est imprenable. Le haut du Pico est blanc, de la neige étant tombée la veille. Le retour au bateau est plus facile, plus dû à la pente qu’au vin de Pico.

Le lendemain matin, après un robuste petit-déjeuner, nous embarquons dans le mini-bus d’un guide local recommandé. Nous visitons ensemble l’île, découvrant les points de vue, la fromagerie et le Fajas. Les contrastes des couleurs du paysage sont extraordinaires. Notre guide est canadien et il a suivi son épouse qui préférait s’installer sur son île d’origine pour soigner sa santé… Cela fait sens.

Le vent se lève sur l’île de Faial

Pendant notre tour motorisé sur l’île, nous notons que le vent s’est levé. Notre hôtesse a préparé un repas « pour la route », et nous appareillons en suivant, destination Horta – sur l’île de Faial.

 

Des conditions peu avantageuses

On peut dire deux choses sur le vent qui nous attend :

– Cette fois, le vent est là.

– Malheureusement, il est dans la mauvaise direction.

Nous prenons un ris et déroulons la trinquette. La mer est praticable, la zone étant partiellement abritée par Faial et Pico. Avel Vaez adore ces conditions et remonte au vent à grande vitesse.

 

Un nouveau lieu d’escale : Horta

En fin d’après-midi, nous arrivons à Horta. Nous nous amarrons au quai, aidés par la communauté de passionnés présente à Horta. Nous faisons connaissance avec nos voisins de quai : ils arrivent de la transat et célèbrent cela copieusement. Un jeune marin en admiration devant Avel Avez monte à bord et déclare sa flamme pour notre bateau – il faut dire que nous ne passons pas inaperçu avec nos couleurs et la coque bariolée… c’est fait pour ! Le capitaine du port nous demande de nous amarrer ailleurs dès le lendemain matin : nous sommes sur le quai de la pompe à gasoil, mais elle est en panne ce soir. Nous irons nous mettre derrière une quasi-épave d’ancien coursier magnifique, à côté du port de pêche.

Le soir, nous prenons une bière au bar le plus fameux du monde, le « Peter Café Sport ». Le succès de l’établissement est indéniable, l’entreprise a colonisé tout le pâté de maisons à la façon « Vieux Campeurs » et offre désormais différents services aux marins et visiteurs.

Dans le monde des marins de « récréation », Peter est un lieu respecté et à la réputation mondiale : les clients débarquent après deux semaines de mer, dans des conditions musclées, et viennent arroser l’exploit. Pour l’observateur non-averti, ces scènes sont un mélange de décadence totale. Pour le connaisseur, c’est une source d’amusement infinie, d’histoires héroïques et de récits de voyages savoureux et rocambolesques.

Le pic de Pico

Le lendemain, après une bonne nuit, nous prenons le bateau pour l’île Pico. Il est toujours impressionnant de voir ces navettes de bonne taille, manœuvrer au millimètre et à grande vitesse pour décharger et charger les véhicules et les personnes en un temps record – avec le minimum de personnel. Pico est dans les nuages aujourd’hui, donc pas de visite au sommet des 2350 m d’altitude. Mais nous avons d’autres intérêts : les vignes et les exploitations locales.

 

La découverte d’exploitations viticoles aux Açores

À perte de vue, nous observons des petits murets en pierres noires parfaitement alignées. Entre chaque muret, un espace de quelques mètres carrés protège du vent et réchauffe les pieds de vignes, à même le sol. Il est tiré de cela un vin blanc de bonne qualité. Nous en testons plusieurs, les goûts sont très variés suivant les parcelles. Il y a beaucoup de roches et les vignes poussent dans les cailloux. Mais chaque petite parcelle de terre cultivable est plantée. Nous rencontrons également plusieurs élevages bovins.

En attendant la navette retour de Pico a Faial, nous prenons une dernière bouteille de blanc de Pico, souvenir de notre promenade et de cette découverte. Nous finirons la soirée dans un fameux restaurant de Horta, tenu par un ancien circumnavigateur. Nous dégustons un superbe steak d’espadon accompagné, une fois de plus, par un verre de Pico.

Avel Vaez, le retour

La météo n’est décidément pas avec nous : les prévisions annoncent du vent dans le bon sens pour la prochaine journée, mais rien pour les jours d’après. Nous devons saisir cette opportunité, sinon ce sera la punition du moteur pour la totalité du retour. Nous nous remettons en route. Notre skipper est prudent, nous partons avec notre grand-voile haute et le génois.

 

Dernière navigation dans l’archipel des Açores

Une fois dépassé le chenal entre Pico et Faial, nous nous retrouvons dans le grand canal entre Sao Jorge et Pico. Le vent accélère un peu et la direction se confirme. Nous sortons le grand gennaker et nous rentrons le génois. La navigation au portant sur l’ORC57 Avel Vaez est plaisante, nous sommes entre 10 et 15 nœuds de vent et autant de vitesse bateau. La longue houle d’arrière nous propulse dans de longs surfs. Nous avalons la moitié des 130 miles à faire en quelques heures.

Lorsque nous sortons de ce grand canal de vent, il disparaît. Avec regret, nous mettons en route le moteur tribord pendant que les occupants assurent leur quart. Trois heures plus tard, nous passons sur bâbord pendant que l’équipe tribord va dormir. Le ciel est clair et sombre et nous passons notre quart à reconnaître les constellations. Le jour se lève, nous arrivons à Punta Delgada. Nous amarrons Avel Vaez au ponton une dernière fois.

Il nous reste une journée aux Açores pour visiter Sao Miguel, avant de quitter les amis et cet incroyable bateau.

Vivez votre propre croisière aux Açores… ou ailleurs

Ce récit de croisière aux Açores vous a donné envie, vous aussi, de vivre votre propre aventure à la voile ?

Jetez un œil aux prochains voyages et traversées que nous proposons avec l’ORC57 Avel Vaez !